Lessive au lierre

Gratuite et écologique !

En ce moment chez moi, tout est recouvert d’une belle couche de neige hivernale. C’est incontestablement magnifique, mais pour la cueilleuse que je suis, ça implique de descendre dans la vallée pour faire mes petites emplettes. C’est l’occasion de faire une belle randonnée… Mais pour être honnête, en plein cœur de l’hiver, même à plus basse altitude, les récoltes sont plutôt maigres… et le peu que je trouve, comme par exemple ce joli bouquet de primevères, je préfère le laisser aux animaux qui en ont bien plus besoin que moi. Il y a cependant une plante qui traverse l’hiver sans sourciller : la voici : vous la connaissez certainement, c’est le lierre grimpant. Alors attention le lierre est toxique, surtout ses baies. Désolée les gourmands, mais je ne vais pas vous donner de recette cette fois-ci !

Mais, bien que ce blog soit dédié principalement à la cuisine des plantes sauvages, l’intérêt de celles-ci ne se résume pas à leur aspect culinaire ou médicinal. Depuis des millénaires les plantes nous accompagnent pour nous loger grâce au bois de construction, nous chauffer, nous habiller grâce aux fibres textiles et elles peuvent également nous servir de produits ménager. Et c’est cet aspect des plantes que je voudrais vous présenter ici avec ma recette de lessive. Mais avant de vous dévoiler ma recette, je voudrais vous dire quelques mots sur cette plante fabuleuse et trop souvent mal-aimée. 

Le lierre grimpant, Hedera hélix en latin, fait partie de la famille botanique des Araliacées. C’est une liane. Et oui, tout comme les lianes qu’utilise Tarzan pour traverser la jungle à vive allure. En dehors du lierre et d’une poignée d’autres plantes, Il existe peu de lianes dans nos forêts tempérées. 

Le Lierre porte le triste nom vernaculaire de « bourreau des arbres ». Mais cette dénomination est la preuve de la méconnaissance de cette plante qui ne nuit en rien à l’arbre qui lui sert de support. Au contraire! Le lierre puise sa nourriture dans le sol par ses racines et ne s’accroche à son arbre hôte que par des crampons qui ne le blessent absolument pas. Il monte verticalement le long de son tronc sans l’étouffer, s’adaptant à la morphologie de celui-ci au fur et à mesure de sa croissance. Au bout de quelques années, le lierre entoure complètement le tronc de l’arbre et va alors le protéger, l’isolant de la chaleur en été, du froid en hiver, mais aussi de la pollution. Ses feuilles mortes fournissent par ailleurs à l’arbre hôte un apport d’humus constant. Contrairement à ce que l’on à longtemps cru, nous sommes donc plus ici face à un cas de symbiose que de parasitisme. 

Par ailleurs le Lierre est une véritable manne pour la faune sauvage. Il vit en décalage par rapport aux autres plantes de nos sous-bois: il fleurit tardivement, en automne. Ses fleurs, disposées en ombelles de 15 à 20 rayons, sont plutôt discrètes et passent plutôt inaperçues avec leurs 5 pétales d’un vert clair et leurs 5 étamines aux anthères jaunes. Mais elles sont très mellifères et offrent leur pollen à une multitude d’insectes, quand il n’est plus possible d’en trouver ailleurs. Quant à ses fruits, ils arrivent à maturité à la fin de l’hiver. Lorsque toutes les autres sortes de baies ont depuis longtemps disparu dans des estomacs affamés. Ces fruits sont toxiques pour les mammifères mais les graines qu’ils contiennent font le bonheur des merles, grives, mésanges et autres passereaux. 

Son feuillage, très abondant et persistant, fournit par ailleurs un lieu de nidification parfait pour nos amis à plumes ainsi qu’un refuge idéal pour une très grande variété d’insectes, tel que le papillon citron ou le paon de jour. 

Le Lierre est donc une plante très précieuse pour la biodiversité. Les feuilles de lierre sont polymorphes c’est à dire qu’elles ont plusieurs formes très différentes. Les feuilles qui se trouvent sur des rameaux rampant au sol ou grimpant sur un support ont 3 ou 5 lobes. Mais lorsque la liane arrive au sommet de son support et, ne trouvant plus où s’agripper, se met à pendre dans le vide, alors les feuilles deviennent entières, avec une forme plus ou moins allongées. C’est sur ce dernier type de rameaux qu’on trouvera fleurs et fruits. . On trouve du Lierre partout en France. C’est une plante très commune. Il peut vivre jusqu’à 150 ans voire plus et mesurer jusqu’à 30 m de long avec un tronc qui peut mesurer jusqu’à 15 cm de diamètre. Bien sûr, il ne grimpe pas seulement aux arbres. Tous les supports sont bon pour l’aider à se hisser vers la lumière. Un mur de maison, un pylône font parfaitement l’affaire. Comme je viens de vous le dire, le Lierre est toxique, mais il a cependant des vertus médicinales en usage externe: il est actif, en cataplasme, sur la cellulite, les coups de soleil et les brûlures. Mais attention il peut engendrer des irritations chez certaines personnes. Il est donc préférable de faire un essai au préalable dans le pli du bras au niveau du coude. Le lierre doit ses vertus principalement à la présence de saponosides dans sa composition et ce sont également ces saponosides qui lui confèrent le pouvoir de mousser en présence d’eau et c’est pourquoi il peut être utilisé comme savon ou comme lessive. Vous allez voir, faire sa propre lessive maison, gratuite et respectueuse de l’environnement c’est vraiment très simple.

Cueillir c’est redécouvrir à quel point la nature est généreuse. Car celui qui connaît les plantes sauvages ne peut que constater à quel point elles sont variées et abondantes. 

Et à la sortie de la forêt ou de la prairie, il n’y pas besoin de sortir la carte bancaire ! C’est offert! 

Tout ce que la nature vous demande c’est de veiller à prélever ce dont vous avez besoin avec parcimonie, sans mettre en péril la biodiversité, sans nuire au renouvellement des espèces ! 

Certes, préparer sa lessive soi-même, ça prend un peu de temps. Il faut compter une quinzaine de minutes de préparation et anticiper la veille, mais cette lessive est gratuite et surtout respectueuse de l’environnement, ce qui n’est pas le cas de la plupart de celles que vous vendent les industriels de la chimie. Elle n’a pas non plus le parfum chimique de celles qu’on vous vend en magasin. Elle est tout simplement inodore. Mais pour obtenir un linge qui sent naturellement bon, Il suffit de l’étendre au soleil et à l’air frais après lavage. 

Certains préfèrent parfumer cette lessive avec quelques gouttes d’huile essentielle. Mais les huiles essentielles, non solubles dans l’eau, ne sont pas sans impact sur l’environnement. Par conséquent, je préfère les réserver à un usage exclusivement médicinal. 

Dernières précisions concernant cette lessive: il semblerait qu’elle ternisse le linge blanc. Je ne me suis jamais aventurée à faire le test et réserve cette lessive pour le linge de couleur. Pour le blanc, j’utilise une lessive maison aux copeaux de savon de Marseille et bicarbonate de soude. Et pour le linge de couleur particulièrement sale, il m’arrive souvent de faire un mélange de ces deux lessives. Voilà, vous savez tout. 

Il ne vous reste plus qu’à trouver un beau Lierre à proximité de chez vous. 

Bonne promenade et bonne cueillette !

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